Interview du journaliste Samuel Etienne
Samuel Etienne est un journaliste et animateur français, ancien étudiant de l’institut politique de Paris, il est maintenant présentateur à l’édition nationale de 12/13 sur France 3 après avoir passé une dizaine d’années au sein du groupe Canal + .
Depuis 2013, il intervient également sur l’antenne d’Europe 1. Il a accepté de jouer le rôle de l’interviewé à l’occasion de la journée nationale des droits de l’Homme en répondant avec franchise à nos questions.
Considérez vous que la question des droits de l’homme est d’actualité en ce moment ?
Comment ne le serait-elle pas ? Rappelons que les droits de l’homme sont le fruit de la philosophie des Lumières, au 18ème siècle. Ces mêmes lumières dont nous n’avons plus que jamais besoin, plus de deux siècles après, alors que l’obscurantisme du fanatisme religieux vient de frapper la France dans une série d’attentats.
Ce qui est consternant, 226 ans après la Déclaration des droits de l’homme de 1789, c’est que ces principes soient à ce point loin d’être appliqués ! Bafoués quotidiennement dans de nombreux régimes autoritaires à travers le monde, et si imparfaitement respectés dans nos démocraties. 1789 cela semble loin, et pourtant nous ne sommes manifestement qu’au début de ce chemin vers le respect de tous les droits, de tous les humains.
Peux t’on dire que la déclaration des droits de l’Homme est ancestrale, c’est à dire qu’elle n’a plus sa place dans les textes de lois d’aujourd’hui ?
On ne peut pas le dire. Et pour cause : en France, chaque loi (et bien sûr chaque décret, chaque arrêté) doit respecter les normes établies dans le bloc de constitutionnalité. Chaque loi doit respecter non seulement la constitution de la Vème République (la constitution de 1958), mais aussi plusieurs autres grands textes participant à l’esprit de nos lois, comme le préambule de 1946, ou encore la Déclaration des droits de l’homme de 1789. C’est d’ailleurs la fonction du Conseil constitutionnel de s’assurer que les textes préparés par le législateur respectent les grands principes de notre République et de notre démocratie. Les droits de l’homme sont donc par définition au centre de nos lois.
Lors de l’Etat d’urgence en France, la convention des droits de l’Homme à été enfreint grâce à une dérogation obtenue par la France, considérez vous cela comme juste ?
Qu’un droit n’est rien sans l’éducation qui l’accompagne. Sans la connaissance du combat qui l’a permis. Sans la compréhension qu’un droit s’accompagne toujours de devoirs (exemple : le droit de vote). Sans éducation, éducation à la pensée et au respect de l’autre, l’homme n’est qu’un animal un peu plus évolué que les autres. Sans éducation, le combat de nos ancêtres pour avancer sur le chemin des droits de l’homme est vain. L’éducation est la tentative de chaque génération de faire progresser la suivante sur le chemin de la connaissance, de la culture, et de l’altruisme. L’éducation, comme l’humanité, n’est pas un état de fait, c’est un combat de tous les jours.
Pour en savoir plus sur les textes de lois , le droit en général ou même pour préparer vos concours rendez-vous sur notre Tuto cours de droit.
Nous remercions mille fois Samuel Etienne de nous avoir consacré du temps et d’avoir partagé son opinion sur ces questions fondamentales.